Nana Komatsu, Essai et Portrait

L’article qui suit est la traduction ou plutôt l’adaptation en français d’un essai publié le 28 décembre 2021 sur le site Psycho-Drama, il est le fruit de ma collaboration avec Kaye, le blogmestre de ce site dédié aux drama et films japonais. Article original en anglais: From fashion to film and the occasional series, Komatsu Nana conquers all.


Tout a commencé avec The World of Kanako en 2014. J’étais fan des films de Nakashima depuis Kamikaze Girls et j’avais hâte de voir son nouvel opus, en partie à cause de son prestigieux casting : Yakusho Koji, Odagiri Joe et Nakatani Miki, pour ne citer qu’eux. C’est un film difficile à regarder, qui vous plonge dans les recoins les plus sombres de l’âme humaine et c’est probablement l’un des films les plus nihilistes jamais réalisés. Les visuels et le jeu exceptionnel des acteurs ne font que renforcer cette sensation. Komatsu Nana, nouvelle venue au cinéma, a alors attiré mon attention car, comme beaucoup, j’étais choqué et fasciné par le contraste entre son apparence de jeune fille modèle et les terribles méfaits commis par son personnage : l’œuvre d’une âme diabolique qui n’a aucune conscience du mal qu’elle fait.

« Qui est-elle ? » « D’où vient-elle ? » Des recherches rapides sur Internet à l’époque apportèrent quelques réponses : Nana Komatsu était encore à l’école, mais depuis plusieurs années elle était mannequin avec le soutien de Stardust Promotion, l’une des plus grandes agences du Japon. Elle avait également déjà fait des apparitions dans divers clips musicaux pour des artistes tels que Radwimps et Shiina Ringo (dernièrement dans Odoriko de Vaundy et August is my name de Qururi).

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Choses de la vie

Petit essai sur The Last Ten Years...

Premières images: une chambre d’hôpital, sur un lit une patiente et à côté d’elle dans un fauteuil roulant, Matsuri Takabayashi, à peine 20 ans. Toutes deux regardent les videos souvenirs de celle qui va bientôt s’en aller. Qui était-elle cette femme qui offre sa caméra à la jeune Matsuri et lui conseille de vivre sa vie au mieux, pour le temps qui lui reste. Matsuri a dû la rencontrer lors de son très long séjour clinique (deux ans) parce qu’elle aussi souffre d’une forme grave d’Hypertension Artérielle Pulmonaire (HTAP), une affection qui touche moins d’une personne sur cent mille et dont l’issue est fatale, dans un délai allant de quelques mois à quelques années. Pas de guérison possible, juste des traitements palliatifs…

Pour faire ce film, le réalisateur Fujii Michihito ainsi que son actrice vedette Komatsu Nana ont rencontré la famille de l’écrivaine Ruka Kosaka qui n’eut pas la chance de voir sa fiction ‘Yomei Ten Nen/The Last Ten Years’ sur les présentoirs des librairies car la maladie l’a emportée avant même la publication en 2017. Elle souffrait du même mal que l’héroïne de son roman et comme elle, elle s’est efforcée de vivre pleinement ses dernières années. Le film, basé sur son livre, est son histoire.

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Parasites Amoureux

Petit essai sur le film (spoilers modérés)

Dans sa chambre obscure, bardée d’ordinateurs et d’appareils électroniques, Kengo Kosaka prépare sa revanche contre le monde entier, un malware qui va perturber toutes les communications la veille de Noël. Il se rappelle le suicide de ses parents quand il avait 8 ans, les moqueries à l’école, le rejet…Kengo se lave et se frotte les mains avec frénésie, sa peur panique de la saleté et des germes (mysophobie) fait qu’il n’a pas sa place dans ce monde.

Ailleurs, Hijiri Sanagi termine un livre, allongée dans un parc. Elle rencontre des enfants, elle les déteste, eux et leurs regards scrutateurs. Hijiri ne supporte tout simplement pas d’être regardée et observée (scopophobie), elle s’est isolée du monde extérieur en portant en permanence un casque audio. Ses souvenirs à elle sont les yeux inquisiteurs d’un grand-père, un savant qui a dit à l’enfant qu’elle était, qu’elle est malade, tout comme sa mère, car un parasite vit à l’intérieur de son crâne. Hijiri pense qu’elle va mourir mais sans paniquer, elle vit avec.

La rencontre entre les deux jeunes gens paraît impossible et pourtant… Izumi, un homme mystérieux qui semble savoir beaucoup de choses contacte Kengo et lui force la main pour que non seulement il rencontre Hijiri mais qu’il prenne soin d’elle.

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Et au milieu coule une rivière

Moonlight Shadow, sorti en salles au Japon le 10 septembre dernier a été choisi pour figurer dans la sélection Nippon Cinema Now du 34ème Festival International du Film de Tokyo, TIFF.

Critique de Moonlight Shadow

Le son d’une cloche s’attarde dans mon oreille, tout a commencé avec cette clochette, ce son représentait chaque instant passé avec Hitoshi, chaque jour et chaque nuit, les jours de pluie, les jours de neige, ceux des nuages et du soleil, les films que nous avons vus, les livres que nous avons lus, nos querelles, nos larmes et nos rires…‘. Devant un magnétophone, une jeune femme égrène son chagrin. Cette scène poignante ouvre le film, elle reviendra plus tard, plus complète et avec une charge émotionnelle encore plus forte. 

Cette jeune femme c’est Satsuki. L’amour de sa vie s’est tué en voiture. Avec lui, Yumiko, la petite amie d’Hiiragi, le jeune frère d’Hitoshi, a également perdu la vie. Le deuil, Hiiragi le porte sur lui en revêtant l’uniforme scolaire de Yumiko, de son côté Satsuki court, sans cesse, à perdre haleine et comme elle a perdu l’appétit elle maigrit d’une manière effrayante et s’épuise. Un jour depuis le pont où Satsuki et Hitoshi aimaient à se retrouver, celle-ci aperçoit une femme étrange entièrement vêtue de noir qui porte son doigt à ses lèvres pour dire ‘chut’, comme une invitation au silence, à l’apaisement et au mystère.

L’adaptation de la célèbre nouvelle de Banana Yoshimoto par le réalisateur malaisien Edmund Yeo tient toutes ses promesses. La pellicule de Kong Pahurak est superbe et les lumières viennent soutenir les émotions portées par les personnages. La bande son, signée Aaken/Ton That An a la même fonction, elle accompagne, avec délicatesse, sans envahir le film.

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