
Article publié par un ‘confrère’, agrégé d’histoire et passionné par le cinéma. Posté sur cette page avec l’aimable autorisation de l’auteur, Hervé Lacrampe, webmestre du blog AA: Asie, Architecture…
1855, deux années déjà que le Commodore Perry a abordé les côtes japonaises et contraint le Shogun à abandonner sa politique de fermeture aux étrangers. Une période de profonds bouleversements commence, conduisant les dirigeants à choisir entre tradition et modernité. Une thématique riche qui a souvent inspiré les cinéastes japonais et occidentaux (Le dernier samouraï, Kenshin le vagabond).
Bernard Rose, réalisateur à la carrière éclectique -de Candyman à Anna Karenine– s’empare d’une histoire vraie, la naissance du marathon dans le Japon des grands seigneurs pour nous livrer une jolie oeuvre à cheval entre le film de samouraïs et la comédie.

L’histoire nous place dans la seigneurie d’Annaka dirigée par le seigneur Katsuakira Itakura. Celui-ci voit d’un mauvais oeil l’arrivée des étrangers sur les côtes japonaises et le pacte signé entre eux et le Shogun. Pour ce seigneur de l’ancien temps pétri d’honneur, c’est le signe que les samouraïs se sont affaiblis et ont perdu de leur force. Il décide de mobiliser tous les guerriers de son fief et d’organiser un marathon pour les entraîner et renforcer la discipline.
Mais cette course inquiète son vassal le jeune Jinnai Karasawa et espion au service du shogun. Dès l’ordre de mobilisation, il informe son supérieur de ce qu’il estime être un début de rébellion. Découvrant son erreur, l’agent se retrouve confronté à un dilemme : servir le shogun et laisser des assassins éliminer le seigneur ou défendre celui qu’il a injustement accusé.

La première grande qualité du film concerne ses décors. Il est en effet entièrement tourné en décor réel, au Nord-Ouest du Japon, dans des paysages de montagnes, de rivières, de rizières magnifiques. Non seulement le choix des lieux est superbe mais il est rehaussé par une lumière, une photographie qui magnifient chaque plan. On ne rappellera jamais assez la plus-value de ces prises d’image en décor réel par rapport au tournage en studio sur fonds verts. Tout fait réel: l’ambiance, l’humidité, la difficulté de la course dans des conditions dantesques. Les acteurs sont extrêmement crédibles dans toutes les séquences de course parce qu’ils ont réellement souffert.
