Psycho-Cinematography est un blog WordPress en anglais centré sur le cinéma japonais tout à fait unique en son genre. « Le Cinéma Japonais vu de biais » lit-on sur l’entête du site ! Ce biais est celui qu’introduit P-J Van Haecke, le blogmestre, dans chacune de ses critiques en y posant le regard particulier que lui confère son expérience professionnelle de psychologue clinicien.
Avec son aimable autorisation, N.K. France/Nana Komatsu Films proposera régulièrement à ses lecteurs et visiteurs la traduction partielle (sans par exemple les nombreuses notes qui accompagnent les articles) des critiques d’une douzaine de films dans lesquels Komatsu Nana était à l’affiche. Aujourd’hui Farewell Song (2019) de Akihiko Shiota: revue originale en anglais.
Nana Komatsu est Reo/Leo dans Farewell Song (さよならくちびる) un film de Akihiko Shiota sorti en mai 2019 au Japon.
Reo est la moitié sombre du duo folk indé HaruReo. Impétueuse, entière, malhabile dans sa relation à autrui, elle semble être sans cesse en quête de quelqu’un ou de quelque chose. Lors d’une interview accordée au magazine Cosmopolitan Japan, Nana Komatsu déclarait: ‘Leo (…) n’était pas une fille si violente mais il m’a semblé que son caractère brusque et maladroit ressemblait au mien.’
Un homme seul, un sans abri, l’air hagard… à son cou une pancarte sommaire: ‘massage – 10 minutes – 100 yens‘. Une femme d’âge mûr s’assied sur la chaise posée devant l’homme, il lui masse les épaules. Dans la ruelle sombre, Haru (Mugi Kadowaki) observe la scène, comme subjuguée. Plutôt introvertie, peu bavarde, celle qui écrit les chansons du duo indé HaruReo puise son inspiration dans sa vie personnelle mais aussi dans ces instants pas très roses du quotidien.
Akihiko Shiota (Harmful Insect, Dororo, Yomigaeri) fait voyager le spectateur dans un Japon très éloigné du glamour et du fun. HaruReo est un duo de filles qui jouent des balades folk et dans le monde de la J-pop et des idoles, ça n’attire pas des foules immenses. Que ce soit dans une grande cité comme Osaka ou dans une petite ville de province, c’est un petit pub ou bar de quartier qui accueille les musiciennes, payées en cash dès la fin d’un concert qui a attiré les curieux d’un soir et quelques fans.
Le succès est là pourtant, à défaut de promo massive, le bouche à oreilles fonctionne et des fans elles en ont, ils vont se montrer plus nombreux tandis que le dénouement approche. C’est la tournée d’adieux! Le spectateur l’apprend avant leur public et à défaut de connaître le motif exact de cette séparation, dès les premiers dialogues, dès les premiers regards, on comprend vite que la relation entre les deux jeunes femmes est au plus mal, l’atmosphère est pour le moins tendue.
Haru a rencontré Reo (Nana Komatsu) au travail, dans une blanchisserie industrielle, et l’a initiée à la musique. Si Reo chante de douces balades avec sa complice, elle a tout de la rockeuse version sombre et trash. Entière, impétueuse, maussade et agressive, elle semble être perpétuellement en quête de quelque chose ou de quelqu’un. Entre les deux jeunes artistes, il y a Shima (Ryo Narita), à la fois manager et roadie qui gère au mieux et encaisse les coups, au sens figuré comme au sens propre.
Sorti en salles au Japon le 31 mai dernier, présenté dans différents festivals en Asie et en Europe, Sayonara Kuchibiru (Farewell Song à l’international) est disponible en DVD ou Bluray depuis le 25 octobre. Avant la publication prochaine d’une critique du film, un petit billet pour s’attarder sur l’un des bonus offerts dans les deux formats: le documentaire du ‘making of’.
Bien que relativement court (34′) le reportage est assez intéressant car il est centré sur l’essence même de la trame, la tournée d’adieux du duo fictif de folk/pop indé Harureo (Haru + Reo/Leo) avec d’assez longues séquences à Osaka, Niigata et Hakodate. Les deux actrices vedettes, Mugi Kadowaki (Haru) et Nana Komatsu (Reo), tout comme leur ‘coach’, Ryo Narita (Shima) ne sont ni chanteurs ni musiciens et pourtant il leur a fallu s’y mettre.
Le metteur en scène Akihiko Shiota voulait quelque chose de spontané et authentique et par conséquent, malgré l’assistance de coaches, pas de doublage, pas de gestes mimés, les deux jeunes femmes plaquent des accords qu’elles ont dû apprendre et chantent vraiment des titres écrits pour l’occasion par Aimyon et Motohiro Hata. C’est ce travail, cette tension mais aussi l’enthousiasme et les joies qui transpirent dans ce documentaire.
Ci-dessous une sélection de captures d’écran ainsi qu’un court extrait.