Retour sur Kuru

Depuis bien des années déjà Niels Matthijs propose compte-rendus et critiques pour de nombreux films japonais sur son blog: Onderhond. Avec son aimable autorisation voici la traduction en français de sa critique enthousiaste de It Comes/Kuru, un film de Tetsuya Nakashima sorti en décembre 2018. Article original en anglais: It Comes.


Critique sans spoilers: Lorsque j’ai entendu parler pour la première fois de It Comes [Kuru] de Tetsuya Nakashima, j’ai essayé de ne pas trop m’emballer. Ce n’est pas aussi facile qu’il y paraît, car Nakashima n’a pas encore sorti un seul mauvais film et ceux-ci montrent une nette progression en termes de qualité. Les choses n’ont pas été plus faciles lorsque j’ai appris que It Comes serait un film d’horreur, un genre que j’affectionne particulièrement. Puis est venue l’inévitable attente, qui s’est avérée encore plus longue que je ne l’avais craint. J’ai finalement pu voir le dernier film de Nakashima et, heureusement, il ne m’a pas déçu le moins du monde.

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C’est la rentrée

Quelques infos de rentrée sur la sortie prochaine de Closed Ward (1er novembre), le périple de Samourai Marathon 1855 dans les festivals, Kuru au festival de Sitges. Egalement la sortie du nouveau CM/Court métrage de Niko and.


Closed ward

Plusieurs événement sont en préparation pour assurer la promotion du film (fan gatherings, avant-premières), il sera possible de réserver sa place dans un cinéma à partir du 20 septembre, comme l’annoncent les trois acteurs principaux (Go Ayano, Tsurube Shofukutei et Nana Komatsu) dans le clip ci-dessous.

Le film de Hideyuki Hirayama, son premier long métrage en trois ans, est un thriller psychologique et social dont l’action se déroule dans l’unité psychiatrique d’un hôpital de province.

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Brèves de juillet

Non seulement la ‘saison’ des parutions de magazines de mode est terminée pour ne reprendre qu’à l’automne mais l’actrice est en tournage avec Masaki Suda pour Ito, le prochain opus de Takahisa Zeze. Il est donc fort probable que peu de nouvelles filtrent d’ici à la fin de l’été.

C’est l’occasion de revenir sur les événements de ces dernières semaines: présente à New York lors de la première américaine de Samurai Marathon pour y recevoir notamment un prix spécial (voir ici), Nana Komatsu a donné plusieurs interviews. Le film de Bernard Rose sortira d’ailleurs l’année prochaine aux USA. Retour également, et en images, sur Kuru (It comes), dorénavant disponible au Japon en DVD et Bluray. Enfin, le 25 octobre prochain, sortie en DVD et Bluray de Sayonara Kuchibiru.


Samurai Marathon


Dans la foulée de la première US, le film de Bernard Rose a eu droit à quelques critiques plutôt élogieuses (Asian Movie Pulse, Eastern Kicks, Cinema Show…) mais ce qui a surtout retenu l’attention, c’est l’annonce d’une sortie en salles pour l’Amérique du Nord en 2020. Difficile de savoir pour l’heure si le film restera cantonné aux réseaux de salles ‘ArtHouse’ qui diffuse des films étrangers sous-titrés ou s’il aura droit à une distribution plus large.

Toujours est-il qu’en date du 2 juillet Hollywood Reporter informait ses lecteurs que la société Well Go USA avait acheté les droits du film. Doris Pfardrescher, présidente de Well Go, s’est montrée partciulièrement enthousiaste, trouvant le film à la fois captivant et émouvant. A suivre …

Une partie de la presse japonaise, notamment Yahoo Japan, a couvert la soirée New Yorkaise du 28 juin et Nana Komatsu a aussi été interviewée par quelques webzines en langue anglaise. On retiendra que l’actrice souhaiterait à la fois poursuivre sa carrière cinématographique au Japon et travailler avec des metteurs en scène et acteurs étrangers.

Mentionnant au passage son goût pour les films français, elle se projetterait davantage sur des films du ‘quotidien’, véhiculant de ‘vraies émotions’. A l’heure où de plus en plus de critiques soulignent sa grande polyvalence, Nana Komatsu se plaît -à l’écran comme dans le monde de la mode- à être, dit-elle, un ‘caméléon’.

Interviews en anglais: Asian Movie Pulse Screen Anarchy

Interviews en japonais: Eiga.comRockin’ OnYahoo ! Japan

Voir la suite: Kuru, Farewell Song

Une affaire de parents

La sortie de Kuru/It comes en DVD et Bluray au Japon le 3 juillet est l’occasion de présenter un article de fond très intéressant publié en mai dernier par Filmed in Ether sur deux films qui n’ont apparemment pas grand chose en commun. L’un est un Kore Eda classique dans la forme mais avec une dimension sociale plus marquée que dans ses autres films, l’autre, signé Nakashima, est un film d’horreur plutôt décalé.

Cependant, Natalie NG compare les deux oeuvres en s’attachant au thème de la parentalité et aussi bien dans Shoplifters que dans Kuru, les figures maternelles et paternelles, avérées ou potentielles, sont bien plus nombreuses que les enfants. Voici donc la traduction de cet essai passionnant et pertinent.†


LIMITS AND LOVE: HOW ‘SHOPLIFTERS’ AND ‘IT COMES’ CONFRONT PARENTHOOD (original en anglais)


Notes et remerciements


Traducteur, c’est un métier et ce n’est pas le mien. A défaut d’être un modèle de rendu stylistique, ce travail est fidèle aux idées de l’auteur.

Tout comme dans l’original en langue anglaise, ce qui suit contient de nombreux spoilers pour les deux films.

Remerciements à l’auteur, Natalie NG, ainsi qu’à Hieu Chau, éditeur en chef et fondateur de Filmed in Ether, pour leur aimable autorisation.


A première vue, la Palme D’or de Hirokazu Kore Eda (Shoplifters – Une affaire de famille) et le blockbuster horrifique de Tetsuya Nakashima (It Comes – Kuru) semblent avoir très peu de choses en commun si ce n’est leur sortie en 2018. Le très estimé drame de Kore Eda est un film délicat lequel, avec la subtilité propre au réalisateur, sa fascination de longue date pour les relations familiales, explore la dynamique d’une famille pauvre et atypique. Le sanglant film d’horreur de Nakashima porte quant à lui le style frénétique caractéristique du cinéaste et livre le récit d’une jeune famille hantée par une force mystérieuse et démoniaque.

Pourtant, bien qu’appartenant à des genres différents, Shoplifters et It Comes partagent bon nombre d’idées similaires et s’interrogent sur la nature même de la parentalité. Qu’est-ce qui fait un bon parent? Qu’est-ce qui fait d’une famille une famille? La société permet-elle aux familles hors normes de s’épanouir ? Les deux films s’accordent apparemment pour dire que la vraie parentalité n’est pas un droit biologique donné mais plutôt quelque chose qui s’acquiert et se mérite.

Pour autant les deux oeuvres n’offrent pas non plus de réponses claires sur ce qui fait un bon parent. Au lieu de cela, elles mettent le spectateur au défi pour qu’il prenne en compte les difficultés d’être parent, les constructions sociales de la cellule parentale et familiale et ce que l’éducation d’un enfant peut révéler à propos de soi-même.


Amour versus Besoins

La hiérarchie des besoins de Maslow est l’une des théories les plus connues utilisée pour déterminer quels principes affectent le comportement, ce qui motive les gens et en substance ce qui rend les êtres humains heureux. Les niveaux inférieurs de cette hiérarchie sont constitués des besoins les plus fondamentaux: besoins physiologiques tels que nourriture, eau et chaleur, suivis de la protection et de la sécurité. Ces deux niveaux étant atteints, les deux suivants sont d’ordre psychologique et consistent en besoins d’amour, d’appartenance et d’estime. 

Bien que la hiérarchie de Maslow se rapporte au bonheur d’une personne, elle peut également servir de point de référence pour déterminer ce dont un enfant a besoin pour grandir. En formulant les choses de cette manière, nous devons nous demander si l’exigence la plus élémentaire pour être parent est la capacité de pourvoir aux besoins les plus basiques des enfants, tels que la nourriture et l’eau, de leur offrir un toit. Et si tel est le cas, cela légitime-t-il le statut de parent simplement parce que ces besoins physiologiques ont été satisfaits ?

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