Retour sur le film Maniac Hero (ヒーローマニア生活) avec un article publié par Hervé Lacrampe, webmestre du blog AA: Asie, Architecture…, avec son aimable autorisation bien sûr!

Sorti en 2016, Maniac Hero réalisé par Keisuke Toyoshima est la version japonaise d’un Kick Ass rencontrant Mystery Men, Nicky Larson, sur fond de vigilante movie totalement déjanté. Un véritable Objet Filmique Non Identifié porté par une énergie débordante, des acteurs drôles et impliqués le tout mâtiné d’humour gentiment absurde, décalé et dramatique.
L’histoire c’est la rencontre improbable entre un ancien employé, Hidetoshi, reconverti en vendeur dans un kombini, passant ses journées à supporter des jeunes impolis, des ivrognes, des clients agressifs et irrespectueux; Toshida, un jeune expert en arts martiaux redresseur de tort et inventeur de gadgets mais animé d’une étrange et inavouable passion; un obscur vieil homme, Ojisan, qui, armé de ses marteaux fait la misère à la pègre locale et une étudiante, Kaori, aussi piquante que sexy et adepte de la documentation.
Ces quatre improbables héros : un peureux, un bourrin, un grand père et une intello vont s’unir pour devenir les avengers de leur quartier Mais gare au succès car leur réussite attire la convoitise d’un mystérieux personnage qui décide de les embaucher pour former sa propre milice.
Notre quatuor dénué de pouvoir présente une version alternative, parodique des superhéros hollywoodiens. Nous avons une version de Thor en mode âgé, assez énervé ; Toshida mélange de Robin et de Spiderman qui s’est construit une panoplie d’accessoires dont un lance grappin inspiré par Peter Parker ; Kaori, le cerveau de l’équipe maîtresse ès débrouillardise et réflexion, une sorte d’Alfred mélangé à Oracle. Il y a enfin le leader du groupe qui n’a aucun talent, ne sait pas se battre, n’est pas un grand stratège.
Et cette bande s’en va défier la pègre et la délinquance locales dans une série d’opérations complètement dingues : pervers tripoteurs, taggeurs, voleurs à l’arraché. Le film offre une série de gags visuels énormes, de situations cocasses autour de ces redresseurs de tort pas totalement réfléchis.
Le film se permet de mettre en scène un drôle de Japon, très loin du Japon réel ou fantasmé où toute une faune interlope passe son temps à piller, insulter l’honnête citoyen. Heureusement la bande des quatre veille au grain à grand coups de pieds et de marteau, l’ensemble servi par un montage énergique, d’excellents ralentis très manga et d’adversaires haut en couleur comme l’énigmatique ‘onde man’.
Notons aussi dès le début l’hilarante découverte du hobby honteux de Toshida, attention SPOILER, le vol de petite culotte, un hommage non innocent au manga et anime Nicky Larson.

Et tout en maniant savamment la comédie grâce à une galerie de super vilains très drôle, le film prend aussi un tour plus dramatique lorsque l’idéal des vigilants est repris par un étrange personnage proposant de moraliser la société, de lutter contre la corruption en formant une milice entraînée par Toshida.
Le film propose dès lors une satyre sombre sur la dérive fasciste de ce groupe animé des meilleures intentions du monde et comme dans tous les films de groupe, elle conduit celui-ci à se diviser. Si le ton est un peu plus grave, le film ne perd pas de son esprit décalé, au contraire. A la parodie superhéroïque se superpose une comédie sur le pouvoir, la fascination pour les dictateurs, l’ensemble relevé d’une bonne dose d’humour noir.
Film divers jouant sur plusieurs niveaux de lecture, Maniac Hero profite pleinement de son casting qui prend un plaisir total. Coup de chapeau à tous y compris les innombrables seconds rôles notamment la faune insupportable de la supérette entre les super emmerdeuses puissance 10 000, les lycéens en mal de testotérone…
On ne peut pas ne pas citer la performance à nouveau sans fausses notes de la fille du groupe, la somptueuse Nana Komatsu, au début fringuée en geekette de base avant de se métamorphoser en secrétaire ultra sexy.
En résumé Maniac Hero est un très bon film gentiment déjanté, habilement écrit et interprété par une bande de très bons comédiens. Un film débordant d’énergie et de créativité comme le Japon sait en produire régulièrement…

Mini galerie Kaori




